Station «Romiti-Felsentor», nous nous trouvons à mi-chemin entre Vitznau et la destination de la plupart des passagers: le sommet du Rigi Kulm. Toutefois, notre voyage se termine déjà. Rares sont les personnes qui descendent à cette station peu fréquentée. Après dix minutes de marche sur le chemin de randonnée qui descend dans la vallée, trois puissants rochers obstruent la voie, comme après un éboulement. De près, le randonneur remarque cependant qu'un passage naturel se dessine entre les rochers − le «Felsentor».

Passé cette étonnante œuvre de la nature, une construction en bois ainsi qu'un joli petit parc attirent le regard: il ne s'agit pas d'un chalet lucernois mais d'une construction semblable à un temple, aux contours asiatiques. C'est du moins ce qu'indique son toit légèrement recourbé. La construction rappelle immédiatement un «zendo», un temple bouddhiste zen. Effectivement, l'architecte est un prêtre zen américain qui a étudié la construction des temples au Japon. D'après Vanja Palmers, le fondateur de la Stiftung Felsentor, le but de l'architecte «était de créer un bâtiment qui ne pourrait être situé ni dans le temps ni dans la culture.»

 1860, la commune de Weggis bâtit, juste en dessous du Felsentor, un hôtel. Depuis 2001, ce sont les participants des séminaires qui profitent du panorama à couper le souffle sur le lac des Quatre Cantons et non plus les curistes.

Hans Vanja Palmers, qui dirige le «Felsentor», explique: «Comme il n'y avait que peu de zendo retirés en Suisse dans lesquels on pouvait passer la nuit et organiser des sesshins (journée de méditation) de plusieurs jours, le vœu est apparu de découvrir un lieu où l'on puisse créer ce temple.» En 1999, la Stiftung Felsentor, créée dans ce but, put acheter le domaine «Felsentor».

Au début, les autorités locales en matière de construction hésitaient au sujet du projet de construction du zendo, nous informe Palmers. Principalement parce que le terrain était hors de la zone à bâtir et que le Rigi se trouvait dans un cadastre suisse pour les paysages méritant d'être protégés. L'aspect extérieur du zendo y était également pour quelque chose. Après de longues négociations, on reçut enfin la permission de construire et le zendo fut inauguré en 2004.

Cette œuvre d'art architecturale a-t-elle été construite pour satisfaire une passion ou une ambition personnelle ou y a-t-il d'autres raisons? L'aspect extérieur du zendo devrait à la fois rendre curieux et inviter, explique Palmers. Le zendo n'a pas été construit uniquement pour des raisons esthétiques: «Beauté et simplicité du zendo - à l'intérieur comme à l'extérieur − soutiennent l'esprit dans son effort pour trouver la beauté et la simplicité.»

Vanja Palmers est le fondateur et le président de la Stiftung Felsentor et fut co-fondateur de la «maison œcuménique du silence» à Puregg, en Autriche. Depuis trente ans, il exerce également la fonction de prêtre zen. A côté, il s'engage pour la protection des animaux − un but central de la Stiftung Felsentor. Il fut l'un des promoteurs importants du projet de construction du zendo et est aujourd'hui responsable de ce dernier.

Depuis 2002, on propose au «Felsentor» des séminaires de méditation et des cours pour le développement de la perception du corps. Les cours sont, la plupart du temps, dispensés par des enseignants des différentes traditions bouddhistes. En plus, il y a également un cours sur l'homéopathie, sur la danse contemplative, sur la peinture au lavis, sur les rêves, etc. En été, la fondation exploite le petit restaurant végétarien.

Bien qu'orientée vers l'enseignement bouddhiste, la communauté de Felsentor se considère comme interreligieuse. Ainsi, la sœur franciscaine Theresa vit et travaille au «Felsentor» et, dans le zendo, on trouve, en plus de la statue de Bouddha, une madone noire...

Un autre point fort de la fondation tient dans la protection de la nature et des animaux. En dessous de l'ancien hôtel, la communauté gère un petit alpage avec un étang artificiel, des poules, cochons, chèvres et le taureau «Nandi», rendu célèbre par les médias.